Des microplastiques dans les abysses
On apprend aujourd’hui que près de 18 tonnes de plastique se déversent à la minute, dans nos océans. « C’est comme si on avait un robinet de plastique qui s’ouvre sur l’océan » explique Simon Bernard, porteur de projet de l’expédition Plastic Odyssey.
Frappé par ce fléau comme un grand nombre d’entre nous, cet officier de marine marchande a voulu faire quelque chose, car l’idée d’aller nettoyer ce que l’on nomme depuis quelques années ce « 7ème continent » est bien plus compliquée qu’il n’y paraît.
Certes, nous pouvons ramasser les plastiques que l’on voit sur nos côtes mais à des kilomètres de là, ce sont les micro particules de plastique quasi invisibles à l’œil nu qui ont envahi les océans sous la forme d’une « soupe de plastique ».
Elles finissent par couler au fond de la mer et sont consommées par toute sorte d’espèces de la vie marine.
Des chercheurs ont même découvert pour la première fois des micro plastiques dans les entrailles de mini-crustacés vivant à près de 11 km de profondeur (étude publiée mercredi 27 février dans la revue “Royal Society Open Science” )
Il n’y a pas un continent de plastique qu’il suffirait d’aller nettoyer avec un grand filet
Alexandre Dechelotte, cofondateur de Plastic Odyssey
Un ambassadeur de solutions accessibles à tous
C’est lors d’une conférence à la Recyclerie de Paris que j’ai découvert le projet passionnant de l’expéditionPlastic Odyssey. L’idée a pour point de départ Dakar, en 2016, lorsque Simon découvre l’ampleur de la pollution plastique. “Il y avait du plastique partout”. Il a voulu alors s’attaquer au problème en développant des solutions de recyclage simples et économiquement viables et lancer une expédition originale:
- Améliorer la gestion et traitement des déchets là où il n’y en a pas. L’équipage ira à la rencontre des populations locales là où le tri n’existe pas. L’idée n’étant pas de donner des leçons, mais d’informer et trouver des solutions ensemble, créer des machines locales (low tech, faciles d’utilisation et réparables sur place.)
- Démontrer le potentiel des déchets plastiques : Récupérer le plastique des villes, le transformer et faire le plein du bateau avec ces déchets: « on veut montrer qu’on a réussi à avancer d’un pays à l’autre avec l’utilisation des déchets. »
En 2020, à bord d’un monocoque de 25 mètres, l’équipage de Plastic Odyssey s’élancera le long des côtes les plus polluées d’Afrique, d’Amérique-du-Sud et d’Asie, à raison d’une année par continent.
A chaque escale, un grand ramassage des plastiques accumulés en bord de mer sera organisé, les plastiques recyclables seront transformés à bord et le reste sera stocké et converti en combustible pour faire avancer le bateau.
Une trentaine d’escales est prévue.
Cette équipe d’ingénieurs a fait le choix d’utiliser les systèmes « open source » et de collaborer avec des universitaires, des industriels et des passionnés.
« Toutes nos machines seront en open source, c’est-à-dire que n’importe qui pourra nous copier, explique Simon Bernard.
Les technologies élaborées par Plastic Odyssey seront libres de droit et non brevetées. « On va partager les plans et améliorer les machines, on va aussi adapter les systèmes pour que ça marche aussi en fonction des cultures d’un pays à l’autre. »
L’ambition à long terme est de constituer un réseau mondial de micro-usines du recyclage plastique qui développeraient l’économie locale tout en dépolluant.
En plus de proposer des solutions pour transformer les déchets en ressources, l’équipe de Plastic Odyssey se penche sur les alternatives au plastique dans le but de réduire cette surconsommation qui tue à petit feu notre planète.
Une incroyable odyssée de préservation de notre planète à suivre de près.
Pour plus d’infos et soutenir l’association Plastic Odyssey c’est ici!: